GOOD HUNTING ! 

20/09/21 - Beaux-Arts de Paris - Master degree show 



C’est du haut d’un mirador de bois que s’appréhende l’exposition de Corentin Leber. Mais en dépit de ce regard panoptique, le système de surveillance est un peu pirate et un peu bancal, à l’image de cette « ligne à retard » utilisée dans les concerts, qui enregistre les paroles prononcées sur la plateforme, et les restitue sur place non pas quelques secondes mais 24h plus tard, sans en conserver la moindre trace.

En bas, une étagère court tout autour de l’espace comme le fil d’une pensée, ou comme « le cours des choses » que Fischli & Weiss ont filmé. Ce n’est pas un hasard non plus que Corentin Leber ait organisé il y a quelque temps une exposition avec la collaboration d’une association de modélistes de trains électriques. Cette étagère accueille une succession de petites sculptures faits en matériaux de rebus et objets de récupérati

on, à la tonalité souvent en décalage avec le monde présent. Ce sont des paysages en miniatures qui pourraient rappeler ceux d’Anne et Patrick Poirier, des petits mondes borgésiens qui se perdent les uns dans les autres. Un herbier aux tiges faites de sarbacanes ouvre cette collection. Une bande noire de la révo- lution a été ajouté au bleu-blanc-rouge d’un drapeau français. Un sapin est renversé par un monolithe géant... Ces sont des sculptures de bureau ou des sculptures de tables, chacune porteuse de saynètes plus ou moins grinçantes qui jouent avec les grands thèmes qui traversent la société : la crise écologique, le tournant autoritaire, la dérive sécuritaire. Le langage a ici une grande part, un langage traduit en images.

Anaël Pigeat.


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